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segunda-feira, 6 de fevereiro de 2017

Roberto Romano. L'affaire Heidegger (text non corrigé)


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L'histoire de la philosophie nous montre de multiples antagonismes résultant du fait banal que les philosophes sont des individus dans une société. Cette dernière a des idiosyncrasies, des éthiques les plus diversifiées, des religions, des économies et politiques, souvent en lutte entre elles mêmes et contre les doctrines «étrangères». En laissant de côtè les batailles entre Cyniques, Stoïciens et Épicuriens, qui ont eu des répercussions dans les millénaires et jusqu’aujourd’hui, indiquons les différentes façons de penser d'Augustin et Thomas d'Aquin. Leur base spéculative (Platon contre Aristote) et aussi éthique et politique (songeons à la guerre entre jésuites et jansénistes au XVIIe siècle), a produit des allégations contraires très graves, soulevées par des disciples ou des adeptes d’une secte contre l’autre.  Même au XVIIe siècle, il y a eu plusieurs luttes entre les partisans de Newton et de Leibniz. Dans les dix-huitième, les escarmouches entre kantiens et rationalistes, entre les disciples de Rousseau et Diderot, etc. Au XIXe siècle, les thèses sur Hegel et l'Etat prussien, les deux écoles sorties du hégélianisme, la gauche contraire à la religion, la droite et son appui à la religion dans l’État. Même la Guerre Froide, ont dit  certains analystes pas très rigoureux, serait originaire de la scission entre la gauche et la droite hegéliennes. Nous pourrions énumérer de nombreux cas d'objections aux philosophes. Et elles ne passent pas toujours par la lecture des textes originaux. Chaque fois qu'il ya une attaque plus dure contre le Maître, les disciples jettent des excuses et avancent des arguments sévères à l ‘encontre du malveillant critique.

L’affaire Heidegger fait partie de la longue liste donnée ci-dessus. Depuis l'empire nazi, les universités du monde entier ont conscience du lien entre Martin Heidegger et le IIIe Reich. Dans un moment où les enseignants (en presque tous les domaines de la connaissance) ont été privés de leurs droits, persécutés, expulsés de la patrie, en particulier ceux d'origine juive, Heidegger prononce des discours favorables à l’ordre hégémonique dans son pays. Il assume comme doyen d'une université jugulée par des policiers truculents au service des ennemis de la libre pensée. Contrairement aux intellectuels comme D. Bonhoeffer et Karl Barth, il ne résiste pas contre misólogie tyrannique, la puissance de la propagande et la violence physique, le viol de l essence universitaire.

Jusqu'aux années 1960, les actes et paroles de Heidegger ont été considérées comme sans conséquences majeures. Opportunisme, naïveté, auto-tromperie et d'autres « explications » de charité ou intéressés ont été proposées pour le sauvetage du philosophe. Utilisé par Sartre dans l'Être et le Néant, présent dans la branche française de la phénoménologie, et dans la critique de la technique, Heidegger était vu comme grand penseur du vingtième siècle. En plus, il faut compter les citation de son travail, d’une forme claire ou voilée, dans les textes des philosophes d’origine juive : Hanna Arendt, Hans Jonas et Karl Löwith. À chaque critique de son antissemitisme les épigones juifs ont été mentionnés pour absoudre le penseur. Même des critiques féroces comme G. Lukács ont reconnu certains aspects de sa pensée qui pourraient éclaicir le monde contemporain. Ce paysage d’un Heidegger à l'ombre des nazis était agréable pour ceux qui ont défendu certains philosophèmes sur la différence entre l'être et l’étant, la situation du Dasein et la qualification de la philosophie comme chose essentiellement grecque ou allemande. Ses  oracles et étymologies, critiquée par des philologues, étaint considérées comme parfaites par ses disciples.

En 1987 un livre explosif est venu à la lumière, publié par Victor Farias. Il disait que le lien entre Heidegger et le nazisme était plus grave qu'une peccadille opportuniste ou simple illusion, ou  négligence théorique devant les affaires du monde. Le volume a conduit à une avalanche de critiques et d’apologies, souvent écrites au vitriol. Était donc instituée la Vexata questio :  "Heidegger et le nazisme". Peu à peu, même le "et" a disparu. L’identité absolue entre les deux membres de la phrase a été proclamée. Avec le travail d'Emmanuel Faye, vient l'idée que Heidegger a introduit le nazisme dans la philosophie. Les défenseurs inconditionnels, à la droite, ont criée contre les critiques au penseur. Et encore aujourd’hui sont renouvelés des arguments sur l’ attitude opportuniste de Heidegger, la  « distraction » du philosophe devant les atrocités nazies.

Récemment Peter Trawney reprend des liens entre Heidegger et le nazisme dans le chemin de l'antisémitisme latent dans sa pensée et, surtout,  dans les Carnets noirs. Dans ces manuscrits Heidegger a déposé l'étude du monde philosophique, du nazisme, du judaïsme. Trawney a été chargé par l'adjoint de Heidegger, F.-W. von Herrman, de l'édition des Carnets. L'ordre était explicite, parce qu’elle venait de Heidegger lui-même: l'éditeur ne doit pas interpréter l’écrit, juste les publier. Désobéissant partiellement l’impératif, Trawney, qui a également publié d'autres textes de Heidegger (sur l'Histoire de l'Etre, A propos d'Ernst Jünger, Les séminaires sur Hegel et Schelling, Les débuts de la philosophie occidentale) a écrit, après avoir terminé son travail sur les Carnets noirs, le livre Heidegger et le mythe de la conspiration universelle des juifs. Dans le même contexte a été publié le livre de F-W.von Herrmann et F. Alfieri: Martin Heidegger, la verità sui Quaderni neri.

Dans un livre où le problème éthique et politique est nucléaire, nous devons –cela va de soi–  prendre en ligne  de compte les questions éthiques qu’il soulève. Il est étonnant que pour défendre un penseur accusé des attitudes et pensées contraires à l'éthique, soit utilisé dans le volume un "argument" tout à fait obscène. Je cite la lettre du fils de Heidegger (pp. 393 ff). Heidegger ne serait pas antisémite parce qu'il avait des liens avec certains Juifs. Au Brésil, disent les racistes pour s’excuser qu’ils n’ont pas des préjugés contre les Noirs, les Juifs, les homosexuels: «Je ne suis pas raciste. J'ai même des amis noirs, les juifs, des homosexuels. " Cette procédure, je la considère obscène. M. Hermann Heidegger aggrave la  chose. Son père ne serait pas seulement ami des Juifs, il avance, mais plusieurs juives auraient été ses maîtresses (y compris, Arendt et Elisabeth Blochmann), et "n’étaient pas seulement elles" (sic, p. 393). Oui, dit l'enfant qui ne couvre pas son visage devant les linges de son père, aussi Lily Szilasi qui, avec la permission de son mari a couché avec le philosophe. Voilà, en langue gauloise savoureuse, «une affaire de fesses". A la recherche d’exonérer son père de la tache d’antisémitisme, le bon garçon montre  les exploits virils du philosophe illustre, peu importe la dignité de la proie. Cette attitude est cohérente avec «humanisme» pratiqué en Allemagne à l'époque nazie.

À la fin de sa lettre,  dit le fils de Heidegger: «Les Carnets noirs contienent des critiques acerbes contre l'américanisme et le bolchevisme (RR: slogans communs dans la propagande nazie) contre le christianisme (RR, quelque chose de très commun, puisque Hitler a reçu quelque résistance religieuse à sa tyrannie), et à l'Eglise catholique, contre les Anglais, la technique, la science, à l ‘université et, après une approbation initiale, même contre le national socialisme. Les brèves remarques sur le judaïsme ont un rôle secondaire auquel Martin Heidegger n'a pas donné d'importance ". (P. 394). Si Heidegger n'a pas attaché d'importance à son propre discours fasciste sur les Juifs, ces derniers, eux, attachent beaucoup d'importance aux mêmes slogans, surtout avec l'assassinat froid de millions dans l'Holocauste.

Après vient quelque chose de moins faible, mais encore difficile d'être accepté dans une l'éthique rigoureuse. F.-W. von Herrmann a le droit de refuser les positions de Trawney, parce qu'il avait désobéi à l'ordre de Heidegger de ne pas interpréter les Carnets Noirs. Sa tactique, cependant, de disqualifier Trawney est le propre des couloirs universitaires où se rencontrent ceux qui distribuent les faveurs et les bénéficiaires. Bienfaisant, Herrmann dit qu'il se sentait désolé parce que Trawne, "à l ‘âge de 51 ans, n’ avait pas encore gagné une chaire d'enseignant payé et qu’il était necessiteux d’argent pour nourrir sa femme et sa fille, il n’était pas en condition d’atténuer ses difficultés financières: pour cette raison je l'ai indiqué en tant que conservateur du volume 9, uni par le couverture de la cire noire". L'ingrat favorisé écrit après tuteller l ‘edition des Carnets noirs, son livre Heidegger und der Mythos der jüdischen Weltverschwörung.  Ce fut la façon, dit Hermann, de la maison editrice Klosterman prendre ses distances publiquement en face des déclarations de Martin Heidegger sur les Juifs et le judaïsme mondial. "Je prends aussi la decision de m’en éloigner, mais pas au détriment de nier l'important travail d'un grand penseur " (Pp. 27-28).

Une plus grande obscénité de la part de M. le professeur Herrmann: l'antisémitisme suposé dans les Carnets noirs, insinué par Trawney, ferait de la douleur des Juifs un moyen pour  diffamer la propre communauté juive. «Il est inacceptable que quiconque, quelle que soit sa confession religieuse, cherche instrumentaliser théâtralement –par des interprétations peu véridiques et invérifiables des textes heideggeriens- la douleur imposée au peuple juif» (p. 28).

Et de nouveau nous avons l'annonce de l ‘argument ad hominem: «Il est tout à fait clair que Trawny instrumentalise la question des Carnets noirs. Car, dans son chemin philosophique il n’pas bien reussi avec ses propres publications academiques et n'a pas encore aujourd'hui une chaire définitive. De cette façon, il a choisi de prendre le sentier inverse, condamnant publiquement Heidegger internationalement en tant qu’ antisémite".

Le monde intellectuel, selon Hegel, est le «règne animal de l'Esprit." Son commentateur, A. Kojève ajoute: «le royaume des voleurs volés." L’interprétation des Carnets noirs est interdite aux lecteurs, parce que l'interprétation «authentique» vient de Heidegger lui-même ou de ses héritiers académiques. Voici comment se prononce Herrmann sur l'antisémitisme heideggerien. "Il est vrai que dans les  Carnets noirs, il y a 14 passages sur les Juifs, devant elles moi même prends des distances. Néanmoins il doit prévaloir dans la conscience que tous (sic) enoncés de Martin Heidegger sur les Juifs (et uniquement dans les Carnets noirs), même s’ils sont exprimés dans la langue de la pensée historique et ontologique, n’ont pas d’arrière-plan spirituel des déterminations fondamentales de cette pensée. L'erreur la plus grave est d'assumer le caractère politique des phrases, qui sont dans les Carnets, comme une base pour l'interprétation de tout travail historique et ontologique de Martin Heidegger, parce que dans ce travail il n'y a pas de déclarations politiques de ce genre. Ceci est maintenant appuyée par des preuves textuelles à partir des questions de politique nationale-socialiste, comme le démontre l'incroyable (sic)  critique que Heidegger adresse à Hitler dans le volume 97 de la Gesamtausgabe". (P. 30) En choisissant la méthode herméneutique authentique pour lire tout texte Heidegger "sera donc Heidegger lui-même -en ses écrits- a guider les lecteurs, comme il  nous a guidé." (P. 30).

Enfin: «L'antisémitisme est totalement sans rapport avec la pensée qui se déplace dans la réflexion historique et ontologique» (p 40).. Et voici l'explication de l'anti-sémitisme chez Heidegger :  "Il faut distinguer précisément le type racial de l'antisémitisme racialiste et de l'antijudaïsme fondée sur des motifs religieux, les passages problématiques des livres ou appartiennent à l'un et pas l'autre. Quelle est la chose dont ils font partie, alors? Il entre dans la vision politique privée de Heidegger. Heidegger remplace le concept historico-ontologique de la  juive «pensée calculatoire». Mais avec un tel chevauchement et remaniement conceptuel l'origine ontologique fondamentale post-historique ne devienne pas, pour leur part, «anti-sémite». Lorsque Heidegger parle de la pensée calculatoire du judaïsme finance et l'économie (RR: slogan nazi ordinaire, abusé par la propagande sur les banquiers juifs qui, d'ailleurs, seraient unis aux bolcheviks a fin de détruire le peuple allemand), ces phrases ne constituent pas un élément constitutif de la pensé de l'événement, elles se sont réunies et systématiquement  structurées: penser à une telle chose est l'erreur gigantesque Trawny et tous ceux qui le suivent »(p 40)..

Il existe donc un antisémitisme raciste, un anti-judaïsme religieux,  Et il y a l'anti-sémitisme de Heidegger qui n’est pas  un antisémitisme, mais "seulement" la répétition de slogans sur les juifs qui complotent avec la banque internationale ... Herrmann n'a pas lu, peut-être la lettre du fils de Heidegger, excusant le parent et appelant à l’aide les aventures amoureuses avec des femmes juives. Je dis une telle chose parce que Herrmann dit que « la Martin Heidegger-Gesellschaft n'a rien à voir avec la personne privée, mais seulement avec la pensée de ce penseur." (P. 41). Un philosophe bien connu, doyen de l'Université suivant le principe de la direction nazie est seulement une personne privée? Certains philosophes de Socrate à nos jours, sont’ils  limités à l'ordre public? Il est pour cette raison que dans le début de mes remarques, j’ai rapporté les batailles autour des philosophes. Heidegger est personne aussi privée que Hegel, Schelling, et tous ceux qui ont fait de la philosophie dans l‘université. Son antisémitisme est une source perpétuelle d'attaques contre la vie juive.

Quelle logique aurait besoin de utiliser le nom «Juif» pour une activité estimé par lui-même, Hedegger,  dans son travail,  comme un changement fondamental de la culture, de la connaissance calculatrice ? Si les Juifs conduisent l'oubli de l'être, et jouent dans la manipulation des entités, Heidegger ne montre autre remède que les mesures prévues par la Gestapo pour arrêter un tel manque de mémoire.

Le travail «scientifique» et philologique F. Alfieri ne va pas au-delà des excuses présentées par les héritiers de Heidegger ou par ses héritiers spirituels. Dans les cadres bilingues de son travail pathétique il fait question d’isoler des phrases antisémites pour leur fournir le «vrai sens». Le travail ne dépasse pas dans une ligne ce qui est dit par Herrmann dans ses excuses.

Il est possible de trouver des formulations brillantes dans les œuvres de Heidegger. Il y a une grande quantité  de déclarations partiales et faisant autorité dans les œuvres de Heidegger. Il faut connaître la différence entre elles.  Mais essayer une masquage du antisémitisme avoué, sous le couvert d'intuitions profondes sur le monde de l'art, la science et les arts, signifie mépriser  l'intelligence des lecteurs. Ces derniers, sans le souci de loyauté au maître, peuvent parfaitement lire ses écrits rejetant sa dictature herméneutique. Tous les anti-sémitismes, privés ou publics, sont responsables de ce qui est arrivé en Europe. Trawny peut avoir fait, d’une manière non correcte, certaines déclarations aux médias. Mais l'interprétation des passages des Carnets Noirs, chez Alfieri et ses collègues, signifie littéralement cacher le soleil avec un tamis. Même si les procédures de Trawny avec les Cahiers noirs sont défectueuses, il est faux que les textes de Heidegger, tous, n'ont rien à voir avec l'antisémitisme. Au XXe siècle, comme je l'ai rappelé, Sartre et d'autres (même Lukács) se son servis de certains aspects de l'œuvre de Heidegger. Aujourd'hui, avec un puissant lobby mondial, y compris dans le Brésil, la dissimulation des thèses gênants du penseur non est une labeur éthique de respect.

Roberto Romano
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